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Naissance à la maison: un père partage son expérience…

Nous sommes le 13 juillet 2010. Il est aux alentours de 5h30 du matin. Grégoire qui dormait dans sa chambre est réveillé par la bonne humeur qui règne dans la maison. Je vais le voir. Je lui demande s’il a bien dormi. Il me sourit. Je lui annonce que son petit frère, Théophile, est né. Il me regarde intrigué. Je lui demande s’il veut m’accompagner pour le voir. Il accepte. Je le prends dans mes bras et nous rejoignons la chambrée parentale. Théophile est allongé près de Marie. Grégoire ouvre alors les grands yeux qu’on lui connaît et dit: “c’est quoi ça”?…Puis, ses yeux s’arrêtent sur ceux de son frère. Le silence règne un moment. Il reste assis sur le lit à regarder. Puis il repart jouer. Le premier baiser fraternel viendra spontanément un peu plus tard.
De mon côté, je me réjouis de voir Sabine, notre sage-femme, effectuer les premiers soins postnataux. A quelques minutes près j’accueillais Théophile un peu seul…Tout est allé si vite cette nuit là….Mais, curieusement, je n’avais rarement été si calme et si serein qu’à ce moment là. Pas une once de stress. Le silence de la nuit. Le tintement des cloches à proximité de notre maison. L’absence de tout appareillage technologique. Une ambiance simple et naturelle pour accueillir une nouvelle vie parmi les hommes. 
J’ai pris beaucoup de plaisir ce matin là à préparer le petit déjeuner de Marie. J’ai passé beaucoup de temps à observer la délicatesse et la tendresse toute maternelle de Sabine qui veillait sur Marie et Théophile. J’avais tellement eu envie de vivre cette naissance comme cela. Dans une simplicité absolue.
Pourtant, je ne semblais pas avoir toutes les prédispositions naturelles pour tenter une pareille expérience…
L’univers de la vie naissante m’était assez inconnu il y a encore trois ans. La boulimie livresque de Marie m’a intrigué. Je me suis pris au jeu. Nous avons passé beaucoup de temps à échanger sur ces sujets avant la naissance de Grégoire. Avec l’haptonomie, un tournant fut pris. Je pénétrais dans la troisième dimension: celle de l’accouchement physiologique. J’étais en face d’une sage-femme d’expérience. Je découvrais la sagesse de la vie…Un peu surpris par la teneur des séances, je me laissais finalement prendre par la qualité de sa présence et de ses explications. Je comprenais assez soudainement que toute la technologie mis en œuvre aujourd’hui pouvait perturber l’accouchement physiologique et le nécessaire lâcher prise qui doit accompagner chaque nouvelle naissance. En apprenant avant la naissance à “accueillir” dans le creux de mes mains le petit être humain en gestation, je prenais conscience de mon rôle de père dans le processus de la grossesse. Je réalisais que la “bulle” que je pouvais offrir à Marie ne pouvait être remplacée par aucun substitut technique…
Avant la naissance de Grégoire, je me sentais donc près à bien vivre cet événement. La sage-femme (haptonomiste) avait insisté à plusieurs reprises sur les risques de perturbations en milieu clinique ou hospitalier. J’avais gardé cela en moi. Bien gravé. Et ce fut une chance.
Pour la naissance de Grégoire nous nous sommes retrouvés dans une petite clinique plutôt sympathique. Nous n’avons eu aucune difficulté à faire respecter un projet de naissance assez naturel. Marie a pu profiter d’une belle baignoire. J’ai alors compris ce que pourrait être un accouchement dans l’eau. Marie s’y trouvait tellement bien que la sage-femme de service a dû vider la baignoire pour l’inviter à sortir…Premier sentiment de frustration pour moi…car je sentais très bien que Marie avait besoin de rester plus longtemps encore dans cette eau matricielle. 
Vint le moment des premières poussées. Je dois dire que j’ai été vraiment impressionné par la puissance de la femme en travail. Mais je ne devais pas rester sur cette impression. J’avais appris à accompagner, par les gestes et le toucher haptonomique, les contractions de Marie. J’étais assez calme. Nous nous trouvions alors au terme du travail. Il était presque 6 heures. La sage-femme commença à manquer un peu de patience. Nous étions pourtant seuls cette nuit là dans la clinique. Alors que nous n’étions qu’à 2 heures 30 de travail, l’impatience gagnait petit à petit celle qui devait assurer un climat serein. Vinrent les premières menaces: “Madame, si le bébé ne sort pas plus vite, nous allons devoir intervenir. Il faut pousser plus FORT”. Cette remarque me toucha vivement. Je sentais que tout allait bien. Nous étions si proche du but. Et, on nous annonçait la fameuse batterie d’interventions médicalisées. Instinctivement, je rétorquais que le petit Grégoire était en train de voir le jour. Je m’assurais ensuite que Marie ne se laissait pas pas perturber. Elle me raconta par la suite qu’elle n’avait rien entendu de notre conversation avec la sage-femme…
La naissance de Grégoire s’est finalement bien passée. Je gardais cependant en mémoire l’intervention inopportune et stressante de la sage-femme. Et je me disais: “ça, plus jamais”.
Lorsque nous avons appris que nous attendions un deuxième enfant, j’ai approfondi mes lectures, mes recherches et nos discussions avec Marie. Désormais, je voulais absolument vivre ce magnifique événement dans la sérénité d’une maison familiale. Même si le projet me paraissait enthousiasmant, je me posais les questions classiques sur l’accouchement à domicile. Quels sont les risques? Est-ce raisonnable? etc…Ces questions sont légitimes. Un homme même convaincu ne remplacera jamais toute l’expérience féminine d’une sage-femme…Nous sommes donc parti en quête d’une sage-femme. Sabine a finalement accepté de nous accompagner. Elle est venu à plusieurs reprises passer de longs moments chez nous. Tout en répondant à nos questions, elle s’imprégnait de notre tissu familial. Elle s’efforçait de l’intégrer en respectant la sensibilité de chacun. Grégoire
Du coup, tout à fait confiant dans notre projet, j’ai investi tout le rayon de bibliothèque de Marie. J’ai passé des soirées à bouquiner. Nous avons repris des cours d’haptonomie pour affiner mes gestes. J’ai clairement pris conscience de mes aptitudes à provoquer un état de relâchement profond chez Marie par ce toucher. Toutes mes craintes se sont évanouies. Je “nous” sentais prêts à vivre cela…Nous l’avons vécu. Et, je n’oublierai jamais ces précieuses minutes qui m’ont donné de pouvoir réellement accueillir la vie humaine. 
Merci à Marie
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