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Le dessin libre selon M. Montessori

Maria Montessori a travaillé toute sa vie à observer les enfants pour les comprendre et  mettre à leur service une pédagogie qui respecte leur développement psychique et spirituel. Ses découvertes ont révélé un nouveau monde…
Seulement, même une vie de recherche et d’expériences ne suffira jamais à épuiser un sujet aussi riche que celui de l’enfant. Sa pédagogie se veut complète. Et, de fait, elle a jeté les fondements d’une éducation cosmique qui mettent l’enfant au contact de tous les savoirs humains. Le domaine des arts n’a donc pas été laissé de côté par Maria Montessori.
Pour la musique, Maria Montessori s’est entouré de pédagogues qui ont développé son concept. Ainsi, l’éducation musicale dans l’esprit Montessori existe avec son matériel propre et se trouve aujourd’hui assez bien documentée et pratiquée (particulièrement en Allemagne)
En ce qui concerne les arts plastiques, notamment le dessin, leur développement ont connu une croissance moins rapide. Jusqu’à aujourd’hui, il n’existe pas d’enseignement artistique officiel montessorien. Dans les pays comme les Etats-Unis ou les pays germanophones les différentes écoles s’inspirent de la didactique actuelle   tout en recherchant dans les applications à se conformer aux principes pédagogiques de Maria Montessori. L’art plastique connaît donc des développements très intéressants au cœur de la recherche en pédagogie Montessori.

Dans les ouvrages de Maria Montessori on trouve quelques passages concernant le dessin et les arts, son chapitre le plus explicite se trouve probablement dans la Pédagogie scientifique tome III (c’est le deuxième tome de l’éducation élémentaire) dans le chapitre “dessin”. En voilà le passage le plus fondamental
Tous les exercices précédents (il s’agit de tous les exercices préparatoires à l’écriture) sont “formatif” pour l’art du dessin. Ils mettent à la disposition de l’enfant la possibilité manuelle d’exécuter un dessin géométrique, et la préparation de l’œil à apprécier les proportions harmonieuses des figures géométriques entre elles. Les observations multiples de dessins, l’habitude d’observer minutieusement des objets réels sont autant de préparations. Mais on peut dire que toute la méthode éduquant à la fois l’œil et la main et habituant à observer, à exécuter des travaux avec une grande persévérance, prépare les moyens mécaniques pour le dessin, tandis que l’âme laissée libre de créer et de s’élever est prête à produire.
C’est en formant l’individu qu’on le prépare à cette manifestation merveilleuse de l’âme humaine qui est le dessin. Voir le vrai dans les formes, dans les couleurs, dans les proportions, posséder les mouvements de sa propre main, voilà ce qui suffit. L’inspiration ensuite est une chose individuelle, et chacun, il possède ces éléments formatifs, peut lui donner l’expression.
Il ne peut y avoir “d’exercice gradué du dessin” jusqu’à la création artistique, seules la formation des mécanismes et la liberté de l’esprit peuvent mener à ce but.
Voilà pourquoi nous n’avons pas enseigné directement le dessin aux enfants, mais nous les cavons préparés indirectement en les laissant ensuite libres dans le travail mystérieux et divin de reproduire les choses à travers leur propre sentiment.
Le dessin devient alors un besoin d’expression comme le langage; presque toutes les idées cherchent à s’exprimer dans le dessin; et l’effort dans le perfectionnement de cette expression est en tout semblable à celui que fait l’enfant lorsqu’il est poussé à perfectionner son propre langage pour voir sa propre pensée traduite dans la réalité. Cet effort est spontané et le vrai maître de dessin est la vie intérieure qui se développe, s’affine et cherche ensuite irrésistiblement à naître et à s’extérioriser par une œuvre.
Déjà tous petits, les enfants cherchent spontanément à travers les contours des objets qu’ils voient; mais les horribles dessins, soi-disant “libres” qu’on montre dans les écoles ordinaires comme “caractéristiques” de l’enfance, ne se voient pas chez nos enfants. Ces horribles barbouillages si tendrement recueillis, observés et catalogués comme “documents” de l’âme enfantine par les psychologues modernes, ne sont que des expressions monstrueuses de l’abandon de l’âme; ils révèlent que l’œil enfantin est inculte, la mian inerte, l’âme sourde au beau comme au laid. Ces documents, comme presque tous les “documents” recueillis par les psychologues qui étudient les enfants dans les écoles, révèlent non l’âme, mais les erreurs de l’âme. Et les dessins spécialement, avec leurs difformités monstrueuses, disent à haute voix quelle chose peut être l’homme sans éducation.
Les “dessins libres” des enfants ne sont pas ainsi. On commence à avoir le dessin libre quand on a un enfant libre, qui peut croître et se perfectionner dans toutes ses activités d’assimilation de l’ambiance et de reproduction mécanique et qui, libre de créer et d’exprimer, crée et exprime.
La préparation sensorielle et manuelle au dessin n’est qu’un alphabet, mais sans cet alphabet l’enfant n’est qu’un illettré qui ne peut pas s’exprimer. Et comme on ne peut faire d’étude sur l’écriture d’un illettré, de même aucune étude psychologique ne peut être faite sur les dessins d’enfants abandonnés à leur incohérence interne, à leur désordre musculaire.
Toutes les expressions psychiques acquièrent de la valeur quand la personnalité intérieure acquiert de la valeur par les processus formatifs. Tant que ce principe fondamental ne sera pas un acquis absolu, nous n’aurons pas une idée de la psychologie de l’enfant dans sa puissance créatrice.
Ainsi nous ne saurons pas “comment évolue le dessin, cette expression naturelle”, si nous ne savons pas comment l’enfant dois se former pour développer ses énergies naturelles. Ce ne sera pas une “école de dessin” qui pourra former universellement le langage de la main; mais ce sera “l’école de l’homme nouveau” qui le fera surgir comme une eau vive jaillit spontanément d’une source intarissable.
Il faut donner un œil qui voit, une main qui obéit, une âme qui médite pour donner le dessin; et toute la vie doit concourir à ceci. Voilà pourquoi on se prépare au dessin par la vie même; mais ceci acquis, c’est l’étincelle intérieure qui fait le reste.
Laissez alors à l’homme ce geste sublime qui signe sur la toile des traces de la divinité créatrice. Laissez-le évoluer alors que tout petit il prend la craie et reproduit sur la tableau un simple contour, et sur une petite page blanche pose la première image d’une feuille qu’il voit. Un tel enfant est à la recherche de tous les langages, de toutes les expressions, parce qu’aucun langage n’est suffisant pour donner cours à la vie jaillissant en lui. Il parle, écrit, dessine et chante avec l’allégresse d’un oiseau, au printemps.

Que l’on pense alors aux éléments que possèdent nos enfants dans leur formation par rapport au dessin: ils sont des observateurs de la réalité, sachant dans la réalité relever les formes et les couleurs. Pour apprécier les couleurs ils sont une sensibilité particulière qui a commencé à se développer dès les premières années de leur vie par les exercices sensoriels. Leur main est éduquée aux plus délicats mouvements; ils en sont “maîtres” déjà dans la “maison des enfants”. Quand ils commencent à tracer des figures, ils copient d’après nature les objets les plus divers, qui ne sont pas seulement des fleurs, mais toutes les choses qui les intéressent: les vases, des colonnes et parfois des paysages. Leurs tentatives sont spontanées; ils dessinent sur le tableau aussi bien que sur le papier.
En ce qui regarde le coloris, qu’on se rappelle comment déjà, dans la “Maison des Enfants”, les enfants apprenaient à préparer les teintes en les composant eux-mêmes, en les graduant, ce qui les intéressait beaucoup. Puis, dans un âge plus avancé, le soin minutieux qu’ils apportent à trouver des tons correspondants exactement à ceux de la nature est vraiment intéressant. Ils essaient inlassablement de combiner les couleurs les plus diverses, de les diluer, de les saturer, tant qu’ils n’ont pas réussi à produire la teinte désirée et il est admirable de voir comme l’œil peut arriver à apprécier les plus délicates nuances de coloris et à les reproduire souvent avec une étonnante exactitude.
Ce qui a porté une aide notable au dessin a été l’étude des sciences naturelles. […]
Les deux expressions, dessin et composition, avaient été les manifestations spontanées de leurs joyeuses entrée dans le domaine de la science. […] Ils “dessinaient tout ce qu’ils voyaient”.
Le dessin semblait être le complément naturel de leurs observations. Les enfants arrivèrent à cette manière à dessiner, à peindre sans maître de dessin, en produisant des travaux qui, comme composition de figures géométriques, d’une part, et comme copie de fleurs d’après nature, de l’autre, furent jugés d’une valeur peu commune comme travaux d’enfants.
Voilà la vision de la Dottoressa. Je me contente pour aujourd’hui de vous livrer ses pensées et je vous proposerai dans un futur article des points d’entrées plus concrets pour la mise en place d’un environnement préparé pour l’art.
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