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Devenir propre…

Un vaste sujet qui concerne tous les parents… et sur lequel probablement tous les parents se posent des questions… Comme beaucoup, je pense, j’ai lu à droite et à gauche des articles, des extraits de livres sur la propreté. Les avis divergent souvent, on a du mal à se faire une idée sur l’âge, le comment accompagner, etc.
Plus le temps passe, plus l’enfant grandit et plus on se pose de questions sur le bien fondé du modèle éducatif choisi. Est-ce vraiment le bon? On finit, en l’espèce, par se demander même si l’enfant saura vraiment un jour aller aux toilettes de lui-même?
Bien-sûr, chacun peut constater que finalement l’enfant devient propre. Mais, en attendant, on guette les signes avant-coureur d’un événement important pour l’enfant comme pour son entourage! Pourtant, on devrait savoir que tout vient en son temps, quand l’enfant est prêt. Notre niveau de patience est à nouveau challengé…comme si une fois encore l’enfant nous enseignait l’importance du lâché-prise.

La propreté est un enjeu important pour l’enfant et qui se passe pour le mieux lorsque l’enfant est prêt. Pour cela, comme dans pour ce qui concerne le développement de l’enfant, il faut lâcher-prise… Je vais le répéter encore souvent, mais c’est si vrai! Si valable pour tout! Et parfois si difficile en tant que parent de ne pas angoisser, comparer, forcer… C’est un vrai art de vivre qui s’acquiert petit à petit… Ce lâcher-prise qui nous invite à fermer les oreilles, à ne pas trop lire ce qu’on peut trouver dans des livres, à avoir un regard le plus objectif possible sur son enfant et à attendre le moment propice à chacun… C’est un chemin difficile en tant que parent, mais combien de fois on est surpris de ce que la nature sait faire, sait opérer sans notre aide! Le développement de l’être humain est si bien fait, s’enchaîne de façon stupéfiante et souvent inconsciente d’étape en étape. Depuis la grossesse, en creux de toute étape qui constitue le continuum humain, on voit se dessiner cette ligne force qu’est le lâché-prise: une véritable disposition psychique pour accompagner la vie!

Grégoire aura 3 ans le premier juillet et il y a encore un mois il ne voulait jamais quitter sa couche. Une ou deux tentatives de ma part pour lui mettre un slip ont évidemment été un échec: les slips (et accessoirement, les tapis, les vêtements, le canapé) ont été mouillé à tous les coups… Je voyais bien qu’il ne maîtrisait rien. Alors, à nouveau j’ai appris qu’il ne sert à rien d’accélérer le tempo…

Parfois lorsque je le changeais, il voulait aller sur le pot pour faire pipi et il l’a vraiment fait. Mais à part cela, il ne montrait pas de signe visible… Et pourtant, des signes cachés étaient bien là… Je ne les ai tout simplement pas compris…

Depuis deux/trois mois (ou plus, je ne sais plus), Grégoire veut toujours venir avec moi quand je change Théophile. Il veut même ouvrir la couche et vérifier son contenu…  Si la couche est remplie, il se fait une joie de la vider dans les toilettes (couches lavables obligent de trier…). Il fait cela d’ailleurs avec une habilité qui m’étonne. Il fait bien attention de ne rien perdre en route et de bien viser dans les toilettes (la “vie pratique” nous aide bien dans la vie pratique…). Ensuite on tire la chasse et on met la couche dans la poubelle prévue. Il fait des commentaires appropriés “beurk, ça pue”!!!” et “gros (ou petit) besoin”… un vrai spécialiste en la matière…
Je ne compte plus les fois où j’ai trouvé Théophile sans couches (enlevées gentiment par Grégoire) qui me les apporte ensuite d’un air dégouté …Il se prend pour le “supérieur” qui s’occupe de son petit frère, qui prend soin de lui et le change.

Bon, cela, je suis sure que cela ne vous intéresse pas du tout, et que vous allez même vous demander pourquoi je vous raconte notre vie entre deux couches… Et bien, parce que c’est le premier pas vers la propreté: s’intéresser à la couche en tant que telle, pour ce qu’elle est… pour pouvoir mieux s’en séparer un jour! Je n’y ai pas cru, enfin je n’ai pas fait attention à ce signe et pourtant, quand on y pense, c’est si évident!

Grégoire reste en couches, en me posant des questions sur la propreté, mais sans m’inquiéter. Même s’il mettra du temps, le jour viendra… En attendant c’est tout de même un peu déprimant de changer deux enfants x fois par jour,surtout si l’aîné a presque trois ans… J’avais l’impression parfois de faire du travail à la chaîne…

Et puis un jour, Grégoire aperçoit un petit slip que j’ai monté de la cave. Il veut absolument le mettre. Soit. On a essayé, mais l’essai n’était pas concluant. On remet alors ce problème au futur. Pourquoi donc s’embêter à obliger l’enfant à aller au toilette, d’y rester avec lui 10min pour qu’il fasse ce qu’il faut faire, sans qu’il comprenne pourquoi et sans qu’il ressente le besoin? Pourquoi se compliquer la vie ainsi? Dans ce cas encore, je préfère changer la couche… Un proverbe dit “on peut emmener le cheval à la source mais on ne peut le forcer de boire”…

Grégoire continue comme ça, il voit le slip, il le met parfois par dessus la couche et voilà.Et puis, Grégoire commence à enlever sa couche le matin dès qu’il est levé. Il ne va pas aux toilettes après, mais il l’enlève, comme si cela le gênait. Et ensuite, il commence à enlever ses couches partout, dans le maison, dans le jardin. J’en trouve partout et puis il se ballade tranquillement les fesses à l’air…dans le jardin clôturé (précision sans doute importante).
Il vient me voir quand il a bien rempli sa couche, il a compris que c’est désagréable… un petit pas en avant qui montre qu’un jour il faudra trouver un autre moyen pour faire ses besoins…

Et soudainement la “nouveauté” attendue surgit enfin: il va aux toilettes de temps en temps quand il a enlevé sa couche… et il me demande son slip! 
Pendant deux semaines, Grégoire me demande parfois la couche, parfois son slip le matin, parfois en journée. Je le laisse libre de choisir (en restant le plus neutre possible ce qui parfois est très difficile…). Il expérimente un peu la propreté en liberté, se décide lui-même de grandir, de laisser sa vie de bébé avec les couches derrière lui pour aller en avant, et s’engager vers une nouvelle étape… D’ailleurs il a été très sensible au fait “de grandir” ces derniers temps… Bizarre me diriez-vous, eh oui, tout se tient, on ne le voit souvent qu’après coup, mais les enfants ont bien leurs raisons… que notre raison d’adultes ignore simplement…

Depuis ce jour, Grégoire est quasiment propre en journée. Parfois quand il est absorbé dans un jeu ou quand il s’y prend trop tard, il lui arrive de mouiller son slip (oui, parce que ses pantalons il ne les porte désormais plus que quand on sort… par prévention!). 

Quand je vois qu’il n’était pas aux toilettes depuis un moment, je le lui rappelle et la plupart du temps il y va.

Qu’est-ce qu’il est drôle de voir que tout d’un coup il s’en va (même si on est en train de faire quelque chose ensemble) pour aller aux toilettes! Comme tout cela paraissait encore improbable il y a quelques jours…Et finalement,  cela se fait “d’un jour sur l’autre”, comme un petit mystère précédé de signes pourtant évidents…

La nuit, il porte encore une couche, et même s’il me demande “son” slip, on continue encore un peu en couches. Car, la couche n’est pas encore tout à fait sèche le matin…
Pour les grands besoins il ne veut pas encore aller aux toilettes… il me demande toujours la couche, ou alors le fait le matin, quand il porte encore sa couche de la nuit. Ces besoins sont toujours un peu ambigus. L’explication que le corps prend ce dont il a besoin et qu’il élimine les restes peut aider l’enfant à mieux appréhender cette étape. Grégoire fait bien le lien et nous gratifie de quelques explications “géographiques” bien choisis après quelques bouchers de pâtes…
J’ai en effet expliqué cela à Grégoire il y a quelques semaines (sans encore en connaître l’enjeu pour la propreté) et il a bien accroché… A chaque repas il me faisait remarquer que les pâtes/salade/pomme de terre/banane vont dans l’estomac, les intestins et sortent finalement pendant la séance toilette… Je n’ai pas compris sur le coup, mais maintenant je vois bien…
Voilà où nous en sommes… Dans un futur article je vous expliquerai plus dans le détails les “changements” qui ont eu lieu ces derniers temps… tout est tellement lié!

En attendant, je me réjouis de n’avoir plus qu’un petit en couches… Ces petits bébés grandissent et deviennent des grands garçons. Chaque étape de leur développement est si passionnant, si enrichissant, même si finalement on a toujours du mal à lâcher-prise…