Une partie de courses…y’a de la joie…
Montessori c’est bien, c’est formidable, on n’en finit pas d’approfondir. On est dedans à 300%, on le vit, on le voit tous les jours et on est heureux. Profondément heureux. Une vie qui répond aux aspirations de nos enfants et des parents (à part le fait que le papa doit quand même aller travailler…).
Mais voilà. Il y a partout un “mais”. Et ce “mais” d’aujourd’hui est juste que parfois c’est difficile pour le parent d’être un “montessorien”. Car au-delà de tout matériel, c’est un état d’esprit, une approche de la vie.
Avec un enfant, on n’a des yeux que pour lui, on n’est occupé que par lui. Avec deux la tâche augmente, la difficulté est un peu plus complexe. Avec plusieurs enfants,tout reste possible, mais je pense qu’on passe par des moments difficile et la “métamorphose” de l’adulte dans le domaine doit avoir lieu, sinon ça ne peut pas marcher.
Il vous est déjà arrivé de vouloir partir faire les courses en emmenant vos deux enfants? Et vous voulez le faire bien-sûr dans un état d’esprit qui soit conforme à l’éducation que vous avez choisi pour vos enfants.
Et bien, armez-vous de temps, de patience, d’un lâcher-prise et tout ira bien. Vous rigolez peut-être maintenant, parce que vous voyez probablement les difficultés qui vont se présenter à nous juste pour faire les courses…
Vous voulez les détails croustillants? Allons-y alors!
L’appel aux enfants, leur annonçant que nous allons faire les courses, fonctionne toujours. Ils adorent faire les courses. C’est déjà ça de gagné! Il faut maintenant les habiller correctement, parce que mes enfants ont la particularité de se déshabiller au cours de la journée. En général les enfants savent où sont leurs pantalons etc… mais la recherche des chaussures de l’un et de l’autre prend son temps (si la maman n’avait pas un œil “superviseur”, il y aurait des chaussures qui ne seraient jamais retrouvées….).
Si on ne l’oublie pas, on se nettoie la bouche. Les miens étant amateurs de chocolat en tout genre en fait, il y a toujours une trace de quelque chose quelque part, et si ce n’est pas sur la bouche, c’est certainement sur le t-shirt… Allez et en route! L’un se jette sur les clés de la maison et de la voiture, l:’autre le voit et est déjà frustré de ne pas avoir été plus vite. Premiers cris. Bon, parfois le grand ferme la porte d’entrée à clé et ensuite on fait un deal pour que le petit puisse porter les clés. Mais parfois il ne veut pas. Dans ce cas, petite crise de pleurs, on essaye de détourner son attention sur autre chose et on approche de la voiture. Ici, soit ça passe, soit on attend et on regarde le “cinéma” suivant: le grand monte dans la voiture et s’attache alors que le petit, depuis plusieurs semaines, ne veut pas monter. Parfois il me suffit de lancer le moteur pour qu’il ait envie de monter, parfois ça ne suffit pas et il faut que je ferme toutes les portes et que j’avance avec la voiture pour que le petit bonhomme ait enfin envie de monter. Parce que si jamais on la mauvaise idée de vouloir aller vite et de le mettre de force dans son siège, c’est horrible pour lui comme pour nous. Il se raidit totalement,il est impossible de le mettre dedans et de l’attacher… On évite l’utilisation de la force, même si ce “cinéma”a nous fait perdre plusieurs minutes à chaque fois.
Et si le petit a les clés, il s’assoit sans problème dans son siège. Mais comment faites-vous pour lui reprendre les clés? Maintenant c’est vous qui faites votre “cinéma” pour le persuader de vous passer les clés…
En route, si vous finissez par avoir les clés! Le trajet se passe normalement sans problème, on arrive donc sans soucis au supermarché. Le grand cherche un caddie. Il veut se mettre dedans, le petit nous suit, mais ne veut surtout pas monter dans le caddie, rien de plus sacré que sa liberté! On l’a compris depuis longtemps, du coup il marche librement dans la magasin derrière nous (ou pas).
Heureusement, ce jour-là le magasin fêtait quelque chose et il y avait des ballons gonflables à l’entrée. Les deux sont ravis et prennent chacun un ballon qui est monté sur une tige plastique. Du coup, le grand sort aussi du caddie et ils font une procession avec leur ballon en chantant à tue-tête, bien fort à travers le magasin.
“Libérée” des enfants, je fais mes courses, même si je dois rappeler aux enfants qu’ils n’ont pas le droit de manger des raisins, des cerises, des fraises etc (chose qu’ils aiment par dessus tout…), que non, on ne prend pas un sachet de Babybel, ni des sachets de bonbons. Parfois ça marche, parfois je dois donner au petit un paquet de quelque chose qu’il aime bien et que j’avais eu l’intention d’acheter. Le grand heureusement est assez compréhensif. Il ne me fait pas de scène particulière. Je dois dire que mes enfants ne pleurent pas dans le magasin, mais il arrive quand même que le petit dise un “non, non, non” bien affirmé et pousse quelques petits cris, mais cela ne va pas plus loin. Mais parfois je dois céder pour leur acheter une petite bouteille de limonade pour qu’ils soient tranquilles…M’enfin qu’à cela ne tienne!
Soudain vous entendez un paf et un petit qui pleure! Évidemment, il a cassé son ballon, on ne sait comment! Avec plein de compassion pour ce petit déçu, vous repartez à l’entrée lui chercher un autre ballon (qui ne tardera pas à son tour à éclater juste avant de monter en voiture…) et tout le monde est à nouveau heureux! Quel sourire béat du petit! Cela vaut bien ce petit détour à l’entrée, je vous jure!
Je vous passe les jours où les deux se jettent par terre pour marcher à quatre pattes, où ils jouent à cache-cache dans les quelques étendoirs de vêtements, où le petit écrase des œufs dans sa main dans le caddie ou qu’il ouvre un sachet de cotons-tiges, où l’un et ou l’autre arrivent avec un lapin de Pâques dans la main etc, tout cela sont des moments qui arrivent mais qui ne se répètent pas à chaque fois, voire très rarement.
Bien-sûr pendant tout ce temps vous avez gardé votre bonne humeur, pourquoi des enfants courant dans le magasin vous mettraient hors de vous? Pas de raison, ils ont l’air heureux et ils font sourire les autres clients! Voilà qui est bon pour la santé publique. C’est vrai, un petit garçon qui fait son timide et vous regarde c’est mignon tout plein, les gens craquent. Vous leur souriez, vous faites vos courses, à la limite c’est comme si ces deux petits ne sont pas les vôtres, sauf que parfois il faut rappeler l’un ou l’autre à l’ordre pour que ça ne dégénère pas. Tout le monde passe un bon moment. On ne s’énerve pas, à quoi bon? Un enfant est un enfant et lui crier dessus de ne pas toucher à ci ou ça, de ne pas marcher où tout le monde marche, n’a pas de sens et épuise les parents (et peut énerver aussi les autres clients).
Vous arrivez en caisse avec les deux petits plus ou moins près de vous. Il y en a toujours un qui a quelque chose dans la main qu’il ne veut pas mettre sur le tapis roulant. Il regarde la vendeuse avec son air de timide-non-je-ne-donne-pas qui la fait fondre… et on arrive à ce qu’il mette le truc cinq secondes sur le tapis pour qu’il le récupère de suite. Parfois aussi ils se mettent à grimper sur les barres autour des caisses ce qui me permet d’avoir de temps un temps un commentaire de la vendeuse “mais c’est dangereux, faut faire attention”. Je dis “oui, oui” et basta. Qu’ils grimpent et se suspendent s’ils veulent, tant qu’ils ne gênent pas quelqu’un ça ne leur fait pas de mal. Question sécurité, je connais mes enfants et je sais ce qui est vraiment dangereux pour eux. Ce n’est pas la barre de 50cm de haut qui va les tuer. Ils grimpent déjà tellement dans les arbres fruitiers
Vous payez en carte, et vous voulez mettre le code, mais un enfant a retiré la carte! Mais bon, on peut la remettre et la tenir cette fois-ci! Payement effectué, les enfants déjà loin, vous partez direction la voiture. Les enfants ont trouvé dans le hall d’entrée une “machine-voiture”-où- il-faut-mettre-une-pièce… Vous partez tout de même en direction de la voiture et un des deux vous suit, l’autre il faudra venir le chercher tout à l’heure quand vous aurez mis les courses dans la voiture. Vous emmenez un petit sachet de gâteaux pour le persuader de venir avec vous, ce qui marche plus ou moins bien et vous le ramener en voiture. Sans problème vous pouvez démarrer, ouf! Vous êtes contente d’avoir fait vos courses, les enfants sont contents d’avoir un gâteau ou un fruit ou encore une bouteille dans la main… Ils prennent alors le temps de légèrement “décorer”la voiture, pour que personne ne puisse oublié le nombre de “repas” consommé à l’intérieur et ils chantent! Cela vous casse un peu les oreilles leurs mélodies qui n’en sont pas encore tout à fait une, des paroles qui n’ont pas de sens, mais vous vous taisez et vous pensez que c’est une belle journée et que vos enfants vont bien.
Vous arrivez à la maison, les enfants détachés, il y a toujours un qui veut rester dans la voiture pour se mettre sur la place du conducteur (salir le miroir arrière, appuyer sur des boutons, allumer la lumière interne de la voiture que vous ne voyez pas et qui restera allumée toute la nuit…).
Vous montez les sacs de courses, le grand a déjà un melon dans la main qu’il coupe et mange tandis que vous êtes en train de sortir l’autre de la voiture… Chouette, une entrée en moins! Un estomac rempli, en plus avec un fruit! Formidable! Et vous rangez vos courses, le petit a eu l’occasion de dénicher un yaourt dans un sac qu’il mange en traversant le salon tout en laissant des traces… ça tombe bien, c’est en carrelage et de toute façon vous avez prévu de passer la serpillière juste après, au moins ça vaut le coup!
Voilà, vous avez fait les courses ensemble, ça c’est super bien passé et tout le monde est content et fatigué!
Cela vous arrive de vous étonner le soir en vous demandant pourquoi vous êtes si fatiguée? En soit, on ne fait pas bouger des montagnes tous les jours. Pourtant c’est bien l’impression qu’on peut avoir en fin de journée.
On a fait plein de choses, sans se presser, sans se stresser, ça a parfois demandé à la maman un bon coup de lâcher-prise, mais ça c’est bien passé et les enfants sont ravis. Ils sont bien. Ils vivent. C’est l’essentiel et vous êtes contente aussi, vous. Finalement. C’est chouette les enfants, même si ça épuise… mais qu’il est bon de les voir ainsi vivant, sans les réprimandes et les barrières que peuvent poser des parents! Ils ont leur vie, qui n’est pas une vie sans mesure, mais une vie avec un cadre large…