Même si parfois ils peuvent nous sembler bien différents de nous, les petits enfants apprennent bien plus de choses sur le monde qui les entoure que nous l’imaginons. Le processus de développement qui se met en place dès la naissance montre une ressemblance avec la façon dont les scientifiques explorent le monde. Ils observent, ils relient des informations, ils tirent des conséquences, ils cherchent des explications et par tâtonnements successifs ils font évoluer leurs représentations du monde. Les plus petits d’entre-nous, comme les scientifiques, ont en commun d’être les champions de l’exploration, de l’expérimentation et des apprentissages. De notre côté, si nous observons les enfants comme le font des scientifiques nous parviendrons alors à mieux les comprendre et les accompagner dans leur quotidien.
En observant attentivement comment les bébés apprennent nous pouvons percevoir cette dynamique commune avec les scientifiques qui leur permet d’apprendre progressivement comment le monde fonctionne et comment nous fonctionnons.
Comme les chercheurs, les jeunes enfants élaborent des représentations (théories) qu’ils font évoluer au fil de leurs expériences. Ainsi, les scientifiques ne sont sans doute que des grands enfants qui ont gardé pleinement actives les aptitudes cognitives qui assurent le développement si rapide que nous observons les premières années de la vie humaine. Comme les bébés au quotidien, les scientifiques multiplient les expériences pour affiner leur compréhension du monde. Quand il s’agit d’apprendre, les jeunes enfants et les scientifiques se montrent infatigables et procèdent d’une façon similaire. En cela, nous sommes tous de grands enfants ou des scientifiques en herbe. Toute nouvelle expérience fait évoluer notre cerveau et ses “programmes”. Autrement dit, dès la naissance, un continuum d’apprentissages se met en place selon des modalités pratiques que l’on retrouve à la fois chez les bébés et chez les scientifiques. De l’enfance à l’âge adulte, il y a bien un continuum de développement.
Dès la naissance, les enfants explorent avec précision leur environnement par l’intermédiaire des cinq sens. C’est par cette exploration qu’ils découvrent les singularités d’un objet et qu’ils se forment leurs premières représentations du monde. La richesse future de l’imagination de l’enfant dépend ainsi de la richesse des ses explorations et de la variété de ses imprégnations sensorielles.
A un an, le jeune enfant agite un râteau avec une main. Vers 18 mois, on pourra l’observer utiliser ce même râteau pour attraper un objet avec un sourire de satisfaction lorsqu’il aura réussi. A trois ans, on pourra l’entendre dire qu’avec le même râteau il peut faire des “routes dans le sable”.
Petit à petit, les enfants découvrent comment une chose peut en faire évoluer une autre. Ils augmentent ce que nous appelons la compréhension des choses et du monde.
Cette exploration sera grandement favorisée par l’environnement adapté que les parents peuvent proposer à l’enfant. Les mobiles, les hochets et les objets de la vie quotidienne s’ils sont bien choisis contribueront à favoriser cette exploration première du monde par l’enfant. Ils favorisent les prises d’initiative de l’enfant et le processus de développement de son autonomie.
Maria Montessori est sans doute la première scientifique a avoir autant observé le rapport entre l’activité de la petite main et le développement de la cognition humaine. Nous oublions souvent dans notre quotidien que toutes les grandes avancées humaines (agriculture, écriture, sciences, médecine…) résultent d’une association entre l’action de la main et l’activité spécifique du cerveau. Tout processus d’apprentissage est finalement un va-et-vient entre la main et le cerveau. La main “informe” le cerveau qui, en retour, guide la main dans la poursuite de son exploration. Il y a une corrélation forte les premières années entre le développement musculaire, la compétence de la main et le degré de développement cérébral. Avec sa petite main, l’enfant commence son exploration du monde.
Les bébés reconnaissent rapidement après leur naissance les visages familiers. Les mamans ne s’y trompent pas. Après neuf mois, ils font la différence entre des expressions de joie, de tristesse ou de colère. Ils sont aussi capables d’imiter les expressions faciales. Ainsi apprennent-ils à percevoir leur propre corps, ses expressions et ses mouvements. Vers 12 mois, ils commencent à déchiffrer les expressions de leur mère. Ils ne se contentent pas de percevoir qu’une personne est joyeuse, ils comprennent que certaines choses peuvent la rendre joyeuse ou triste. Ils s’appuient sur les réactions de leur environnement pour décrypter le monde. Vers 18 mois, alors qu’ils ne savent pas encore parler, alors qu’ils commencent tout juste à parler, ils ont déjà appris que les gens ont des désirs qui ne sont pas les mêmes d’un individu à l’autre. C’est pour cela que vers les deux ans de l’enfant, les parents peuvent avoir le sentiment qu’ils sont “testés” par leur bambin. En réalité, ils s’attèlent à l’exploration intensive de cette découverte. Ils essayent de prendre toute la mesure du potentiel conflit entre leurs désirs et ceux des autres. Ils ne cherchent donc pas à nous rendre fous mais simplement à comprendre comment fonctionne notre espèce.
Vers deux ans, on peut observer chez ces petits de véritables signaux empathiques. Ils peuvent percevoir la tristesse chez un proche et s’en approcher pour le consoler. Ils distinguent alors leur état intérieur de celui de leur proche. Ils se montrent touchés et concernés par ce qu’ils vivent. Comme certaines expériences avec des jeux de cache-cache peuvent l’indiquer, les jeunes enfants apprennent aussi qu’ils ne voient pas forcément ce que les autres voient. Ils comprennent alors littéralement ce que signifie une divergence de point de vue entre les personnes.
Même si nos logiciels actuels sont capables d’articuler quelques phrases, ils ne parviennent toujours pas à réaliser ce que font les enfants de trois ans: comprendre une conversation. L’apprentissage du langage est tellement en osmose avec l’activité quotidienne de l’enfant qu’on ne perçoit pas toujours comment l’enfant acquiert la maîtrise d’une langue sans aucune instruction formelle. Ils commencent par babiller; ils produisent ensuite des sons et les associent pour former des mots; ils assemblent ces mots pour former des phrases et produire du sens. Même sans s’en rendre compte, l’enfant applique des règles de grammaire qu’il n’a pas encore apprises à l’école. Pour les linguistes et les neuro-scientifiques, l’acquisition du langage réserve encore bien des secrets.
Les tout jeunes bébés font la différence entre les sons. Ils sont capables de distinguer mieux que la plupart des adultes les sons qui appartiennent à leur langue de ceux des autres langues. Progressivement, ils vont se spécialiser en reconnaissant les sons propres à leur culture. A neuf mois, les bébés préfèrent écouter les sons perçus dans leur environnement culturel. Ainsi finissent-ils par absorber les sons qui leur seront les plus utiles pour interagir dans leur quotidien.
En observant attentivement l’usage que les tout jeunes enfants font du langage, on peut s’apercevoir qu’ils ne font pas qu’imiter les adultes. Ils sont capables d’en faire une utilisation personnelle pour répondre à leurs propres fins.
Le développement et la richesse qualitative du langage dépendent en grande partie de ses expériences sensorielles. L’enfant doit en effet pouvoir relier un mot à la diversité des expériences qu’il en peut en faire pour en percevoir pleinement la richesse. Le mot couleur prend du sens à mesure que l’enfant en perçoit toutes les nuances et les variétés chez lui, dans la nature, sur une palette, lorsque sa maman ou son papa cuisine…Autrement dit, un mot sans expérience est vide de sens. Ce n’est pas la définition qui fait la richesse du mot utilisé, ce sont les expériences qu’on peut en faire pour ensuite pouvoir le manier avec justesse et créativité.
Les plus jeunes d’entre nous ont des facultés exceptionnelles pour apprendre. Ils possèdent des mécanismes d’apprentissage qui leur permettent de restructurer en permanence leurs connaissances. Toutes les aptitudes qui nous permettent d’apprendre comment fonctionne le monde ont leur source dans la petite enfance. Les enfants sont des individus à part entière qui pensent et qui ressentent. C’est en observant attentivement leur développement au quotidien que nous pouvons mieux les comprendre et ainsi mieux les accompagner. Le plus passionnant, si nous sommes attentifs, c’est qu’ils s’intéressent à tout. Leur capacité d’émerveillement est bien justement la chose la plus merveilleuse qui soit. Ainsi, en les accompagnant nous sommes amenés à redécouvrir le monde, à mieux le comprendre et peut-être aussi à mieux nous connaître.
Auteur: Eymeric de Saint Germain
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