L’IEF et Montessori
L’IEF, l’instruction en famille, se répand de plus en plus pour de multiples raisons. Les uns trouvent l’EN (éducation nationale) trop dégradée et pas adaptée aux enfants, les autres ne veulent pas que leurs enfants y passent la journée. Beaucoup de débats concernant l’apprentissage de la lecture enflamment les discussions. Chacun s’interroge, réfléchit, pèse le pour le contre avant de retenir une option éducative plutôt qu’une autre. Chacun à sa façon d’envisager la problématique. Une chose est certaine: la question se pose et renvoie à une vision de la vie. L’éducation est une chose importante pour tous les parents, puisque cela touche à la transmission des savoirs. Tout le monde souhaite voir ses enfants se développer et acquérir de nouvelles connaissances lui permettant plus tard de contribuer au développement de la société… Mais pour cela, il faut mettre la main à la pâte. En éduquant nos enfants, nous apportons notre contribution à la construction du monde de demain… C’est ce qui motive principalement notre choix: une éducation à la maison pour entrer de plein pieds dans la vie humaine.
Ce choix de l’IEF s’accompagne d’une orientation fondamentale à travers la pratique quotidienne de la pédagogie Montessori dont nous apprécions déjà les effets bénéfiques sur notre aîné.
L’
éducation Montessori est un peu spéciale dans le sens où il y a un matériel bien défini que l’éducateur doit maîtriser et comprendre. S’ajoute à cela ce que j’appelle “l’attitude montessorienne” qui caractérise l’état d’esprit indispensable à l’exercice de ce métier et l’ambiance de travail qu’il faut créer puis entretenir…Car, même si l’aspect technique et théorique est très important, l’état d’esprit de l’éducateur et l’ambiance de travail offrent le climat qui seul permettra réellement aux enfants de manipuler avec la concentration requise le matériel qui leur est proposé.
En choisissant de vivre la pédagogie Montessori à la maison, on se trouve confronté à une difficulté: Maria Montessori a écrit ses livres pour les écoles, selon des observations faites dans ce contexte bien spécifique. Il est donc impossible de plaquer telle qu’elle l’ensemble de cette pédagogie scolaire pour une éducation à la maison. Il y a donc des adaptations à faire et des changements à prévoir. Il faut garder une certaine liberté tout en restant connecté à cette source d’inspiration…
Pour pouvoir pratiquer Montessori dans le cadre d’une IEF, il est nécessaire à mon sens, de bien connaître cette pédagogie,de bien connaître le matériel, les présentations, le pourquoi du comment, la chronologie de toutes les présentations… Ça c’est pour l’aspect “théorique”. Ensuite vient le travail “pratique” avec l’enfant, pour lequel il faut savoir pratiquer un certain recul et une souplesse d’adaptation
Si l’éducation des enfants est difficile pour les éducateurs dans les écoles, cela l’est tout autant pour les mamans qui ont décidé de garder leurs enfants à la maison pour les instruire elles-mêmes.
Pour ma part, il m’arrive d’avoir du mal à présenter correctement le matériel, à créer une ambiance propice. Nous devons trouver d’autres moyens pour arriver à notre but, même si parfois on bouscule un peu la théorie montessorienne. Cela a aussi son bon coté, puisque nous sommes ainsi incitées à bien comprendre notre enfant en suivant quotidiennement le chemin de sa croissance.Le problème reste finalement de savoir jongler entre la richesse de la pédagogie qu’il ne faut surtout pas trop diluer et les comportements de l’enfant qu’il faut savoir évaluer et accompagner. Mais cela est loin d’être simple ….
A ce stade de ma réflexion, je veux souligner que pour moi l’IEF et l’école ne sont pas la même chose. Si on faisait l’école à la maison comme on pourrait le faire à l’école publique du coin, où serait l’intérêt de garder ses enfants à la maison? C’est justement pour assumer une différence, pour développer une éducation qui englobe la vie et pour se conformer à des convictions personnelles que l’on s’engage pour un temps dans cette voie.
Mais, tous ceux qui adoptent l’IEF rencontrent tous plus ou moins le même problème: il est parfois difficile d’accompagner le travail de l’enfant, d’avoir toute la patience nécessaire pour lui transmettre les différents savoir et la culture.
Dans le souci de bien faire, j’essaye de capter le plus d’informations possibles par internet pour la présentation du matériel, parce que j’ai bien compris que c’est un enjeu important. Mais en voulant trop bien faire, en se posant trop de questions, on peut finir par perdre la philosophie qui fait toute la valeur de la pédagogie Montessori.
Cette pédagogie ne peut pas être réduite à une simple histoire de présentation des activités. Cela serait passer à coté de Montessori. C’est un tout, un tout subtile qui demande à être adapté à chaque enfant, qui demande à être en permanence revisiter par l’éducateur. C’est un travail délicat: entre “les présentations comme il faut”, la liberté de chaque enfant, sa personnalité, l’ambiance requise.. On jongle quotidiennement avec tout cela, enfin on devrait! Mais bien souvent on perd de vue la finalité…au profit des moyens pédagogiques.
Que faire quand l’enfant ne veut pas travailler, ne regarde pas les présentations, utilise le matériel pas comme il faut ou ne veut même pas y toucher? Comment amener l’enfant à travailler? Ces questions, je crois tout le monde se les pose… Elles sont tellement évidentes! Elles se posent quotidiennement…. Quand on est “à fond dedans”, quand on applique le concept théorique, à savoir les bonnes présentations, bien dans l’ordre, on est très souvent amené à s’arrêter en pleine course… car ca ne marche pas! Et oui, on tombe de haut au début, et on peut avoir l’impression que la méthode Montessori ne marche pas ou plus… c’est bien embêtant! Mais la cause se trouve ailleurs, ce n’est pas uniquement l’aspect théorique du matériel qui fait la force de cette pédagogie. Maria Montessori le soulignait elle-même, chacun doit s’approprier la pédagogie. Des adaptations sont nécessaires pour rester en phase avec le développement propre à chaque enfant…et une capacité à rester maman tout en étant éducatrice fait le challenge quotidien…
Il est parfois difficile en tant que maman éducatrice de prendre le recul suffisant pour une observation bienveillante et neutre, pour pratiquer un véritable lâcher-prise vis à vis des attentes que l’on a. Il y a les émotions qui s’emmêlent et qui compliquent la tâche…
Il faut toujours garder à l’esprit qu’une atmosphère montessorienne n’est pas juste la bonne manipulation du matériel, qui certes, est aussi ingénieux que scientifique, mais surtout le regard que l’éducateur pose sur l’enfant et l’ambiance…
Ce que Montessori appelle la “vie pratique” est une partie de la “vie sensorielle” , cela peut se faire dans la vie quotidienne sans présentation et sans formalisme. Ces activités ont pour but de favoriser la motricité fine et le cadre importe peu finalement… tant que l’enfant est actif et participant il développe son autonomie, c’est dans l’esprit Montessori, même si la méthode n’est pas appliqué à 100%. Ce n’est pas toujours évident de jongler avec les activités sans formalisme et les activités faites dans un certain cadre, comme le souhaiterait Montessori…
Pour que l’IEF puisse marcher, il faut continuellement adapter la pédagogie à l’enfant, réinventer des activités et des exercices pour accompagner l’évolution de l’enfant. Il faut individualiser la pédagogie en s’appuyant sur tout ce qui est possible et amener l’enfant à l’apprentissage. De plus, des champs d’investigation importants restent à explorer dans les domaines artistiques en créant des activités qui constituent une véritable initiation pour le jeune enfant.
L’IEF est d’un certain coté un champs vaste, inépuisable, toujours intéressant. L’observation de l’enfant peut nous heurter, nous rendre heureux ou nous mettre devant une impasse… mais c’est cette envie de transmettre à nos enfants, de leur transmettre le mieux possible un art de vivre et une passion pour le travail, que nous avons choisi l’IEF, et c’est dans le vaste champs de la psychologie enfantine et adulte que nous pouvons nous balader tous les jours… observer la graine qui pousse, qui donne des fruits… c’est un vrai boulot d’agriculteur… il faut préparer la terre, semer et entretenir cette semence, lutter contre des parasites, pour “améliorer” ses conditions de croissance, nous sommes à la recherche d’innovations. permanentes tout en visant le respect des lois qui constituent le psychisme de l’enfant..,nous récoltons parfois plus, parfois moins, selon les années et les conditions météorologiques… mais le plaisir de la récolte reste toujours le même…
C’est notre passion pour la pédagogie qui nous guide et nous aide à nous relever quand on manque la cible… et j’aimerais ici remercier Maria Montessori, qui de son ingéniosité nous a délivré un travail hors norme et m’a donné le goût de l’éducation… Je n’étais pas une adepte du “Homeschooling”…Mais je dois dire que les ouvrages de Maria Montessori, m’ont donné les moyens d’imaginer une véritable alternative à l’école classique…Tel est désormais mon bonheur quotidien…