Lectures…et réflexions du moment…
Voici quelques petits points relevés lors de mes lectures concernant la période des 0-3ans (mais plus particulièrement pour les 2-3ans) qui me paraissent importants et que j’avais déjà oubliés…
Ce n’est pas une liste exhaustive… et parfois peut-être il manque la cohérence d’un plan bien réfléchit…
L’ambiance des 0-3ans
Les très jeunes enfants partagent leurs activités entre vie pratique (principalement) et vie sensorielle (quelques initiations). La plupart du temps, la matériel de la vie pratique est adapté aux tous jeunes enfants (on lui met par exemple à disposition des petits plateaux, avec des bords relevés, éventuellement anti-dérapant etc…).
Un très jeune enfant qui porte un plateau fait soit attention au plateau qu’il porte, soit à la direction qu’il prend….Le plateau vit ainsi une translation dangereuse… Il faut donc organiser les plateaux de telle manière que l’enfant ne soit pas mis dans une situation vouée à l’échec. Le développement neurologique et psychomoteur ne permet pas encore à l’enfant de pouvoir faire attention et au plateau et à la direction dans laquelle il avance… Ce développement s’achève entre 3 et 6ans. Les enfants qui ont pu s’exercer entre 0 et 3ans pourront rapidement y arriver!
Souvent, les gestes pour les activités sont plus simples, moins nombreuses que pour les 3-6ans. Pour cette raison, on ne trouvera pas certains plateaux ou activités pour les 0-3ans.
Les présentations du matériel sont différentes de la façon de faire par rapport aux 3-6ans et l’objectif du travail également.
La très grande différence entre les deux tranches d’âge est le passage “
l’esprit absorbant inconscient” vers “
l’esprit absorbant conscient” (c’est l’objet d’un futur article…).
Les activités de la vie pratique se divisent en quatre parties (certaines parties concernent aussi les enfants 3-6ans):
- des exercices préparatoires (mouvements communs à tous les peuples: boire, plier, porter…)
- des activités de vie pratiques (soins de l’environnement, soins de la personne: épousseter, nettoyer un miroir, laver les mains)
- grâce et courtoisie (interactions avec les autres)
- contrôle des mouvements (l’enfant va comprendre ses propres mouvements, pouvoir affiner sa coordination notamment en marchant sur la ligne)
Montessori a également reconnu la nécessité pour l’enfant de l’ordre, de la répétition et d’une séquence de mouvements. Les activités de vie pratique aident à coordonner les mouvements de l’enfant, à développer son équilibre, sa grâce, et son besoin de silence.
Les caractéristiques des activités de vie pratique
Ces activités doivent s’inspirer au plus près de notre vie quotidienne, de nos objets quotidiens. Donc il convient de mettre à disposition de l’enfant des choses qui peuvent se casser (pas forcément du cristal….), qui sont fonctionnels, qu’il retrouve dans son environnement, qui lui sont familières.Les matériaux doivent aussi avoir une relation avec la culture de l’enfant et son époque. Pour permettre à l’enfant d’exercer l’activité et d’utiliser l’ensemble du matériel le tout doit toujours être propre, complet et ordonné.
L’éducatrice doit veiller à ce que le matériel soit rangé de façon cohérente, selon la difficulté. Cela permet à l’enfant de se retrouver facilement et de développer en même temps un sens de classification et d’ordre.
L’attraction du matériel a une importance capitale. Maria Montessori pensait qu’il faut présenter à l’enfant le plus beau et le plus merveilleux pour l’aider à entrer dans un “monde plus complexe et plus subtile.”
Les activités sont en libre accès pour que l’enfant puisse faire un vrai choix. Ceci est identique pour les 3-6ans. Mais l’attitude de l’éducateur est différente: en 0-3ans, l’enfant travaille avec l’adulte, l’adulte l’accompagne réellement et en 3-6ans, même si l’enfant a encore besoin de l’attention de l’adulte pour soutenir son travail, c’est le travail autonome et individuel qui est recherché.
Même si souvent le terme “libre accès” peut paraître exigeant dans un aménagement familial, il est plus simple qu’on pourrait le croire. Lorsque l’adulte joue son rôle d’accompagnateur, l’enfant détourne peu le matériel. Comme l’enfant a besoin de l’attention de l’adulte, la plupart du temps il ne travaille pas tout seul. Si l’adulte n’est pas là, l’enfant travaille rarement, et s’il travaille il abandonne vite et ne va pas jusqu’au bout de l’activité.
Le leitmotiv est “aide moi à faire par moi-même“. Cette recherche d’autonomie de l’enfant porte principalement sur les gestes de la vie quotidienne: s’habiller, mettre et fermer des chaussures, ouvrir et fermer tout genre de contenants, ouvrir et fermer des portes, des tiroirs, des cadenas…
Il convient alors de proposer à l’enfant des activités qui lui permettent d’exercer ses aptitudes et de les peaufiner. A cet âge, il faut chercher l’autonomie de l’enfant, le fait qu’il soit acteur, qu’il travaille, qu’il fasse avec ses mains. Ce n’est pas la concentration qui caractérise cette période comme on le croit parfois. La recherche de la concentration se fait naturellement au fur et à mesure et devient un but dans la période 3-6ans grâce aux activités sensorielles.
L’attitude de l’éducateur avec l’enfant lors des présentations et lors du travail
Tant que l’enfant est dans la période de 0-3ans, il faut l’accompagner dans son travail. L’adulte transmet à l’enfant les outils, les moyens et les techniques pour acquérir l’autonomie.
Les
présentations comme on les fait ensuite dans la tranche 3-6ans sont différentes pour les plus jeunes. Elles sont en soit moins formelles. Bien-sûr on présente dans la mesure du possible les activités aux enfants, mais on parle plus, on explique avec des mots ce qu’on fait (enfin, cela peut varier selon les enfants).
Montessori nous rappelle quelques principes:
“Si vous parlez, ne bougez pas, et si vous bougez, ne parlez pas.”
“Enseigner enseignant et non corriger“
“Notre travail est de montrer comment il faut exercer l’activité et, en même temps éviter tout risque d’imitation.”
L’enfant doit développer sa manière, d’exercer ces activités pour que les mouvements deviennent réels et non synthétiques.
Par le fait de l’esprit absorbant qui pousse les enfants à devenir autonome, le simple fait de dire “je vais te montrer” suffit à ce que l’enfant regarde attentivement pour refaire volontairement après. Devenir autonome est un vrai besoin du très jeune enfant. Même si les plus jeunes sont également attentifs au gestes très lents et bien précis, on montre d’avantage en discutant, en invitant l’enfant, en l’incitant et en l’encourageant. On fait les activités “ensemble”, sous l’œil bienveillant de l’éducateur. Ainsi, on montre à l’enfant comment faire, ensuite l’enfant essaye. Mais on n’intervient pas quand il agit, même si l’enfant s’y prend différemment. Ce n’est que lorsqu’il demande notre aide qu’on “intervient”, mais juste pour ce qu’il demande. Ensuite, on laisse l’enfant continuer. Et surtout, lorsque l’enfant est “actif”, qu’il est en plein travail, il ne faut pas le déconcerter avec quoique ce soit… on se tait, on se fait tout petit…”Il faut que je diminue pour qu’il croisse”… On laisse donc l’enfant travailler seul.
Il faut cependant rester près de l’enfant, dans le cas où il aurait besoin de nous. Parfois, il a besoin de notre soutien pour relancer son activité. Lorsque son “moteur d’action” perd de sa force ou lorsque qu’il rencontre de trop grandes difficultés, alors on est là et on se propose de l’aider. A 2 ans et demi l’enfant sait reconnaître une action trop difficile pour lui. Il le dit. Si l’enfant accepte notre aide, nous l’aidons. Mais il ne faut jamais effectuer l’action avec la main de l’enfant. Il perdrait alors son autonomie et deviendrait une simple marionnette. Il nous faut simplement lui montrer et le laisser reproduire ensuite.
En bref: l’adulte est là pour aider l’enfant à accomplir jusqu’au bout son activité, pour l’encourager lorsqu’il rencontre une difficulté, pour l’aider éventuellement à sa demande, et l’inciter après une activité achevée à ranger le matériel avant de passer à autre chose. L’adulte peut aussi l’aiguiller s’il le faut vers une nouvelle activité. La présence de l’adulte est nécessaire et doit être quasi-constante. Mais cette nécessité de présence s’estompe progressivement au fur et à mesure que l’enfant va vers la période des 3-6ans.
A la fin d’une activité, l’éducateur doit être vigilant et apprécier s’il est pertinent d’inciter l’enfant à repartir vers une autre activité. Une simple phrase comme “et si on sortait maintenant la vaisselle de la machine?” peut suffire à attiser les braises de son désir… Mais cela reste délicat… car il convient toujours d’observer l’enfant pour voir s’il est encore disponible pour travailler ou s’il ne désire pas… Et il faut surtout une activité qui réponde vraiment à ses besoins du moment…
Concernant le rangement, il est nécessaire d’insister sur le fait de ranger avant de prendre une nouvelle activité. L’enfant ne voudra pas forcément ranger toujours et tout… Il convient alors d’inciter. S’il ne réagit pas, on propose notre aide et s’il ne veut toujours pas, on range à sa place, sans son aide. Quand l’enfant saura qu’il faut ranger à chaque fois et qu’on range à chaque fois, il le fera spontanément de lui-même… mais peut-être pas aussi vite que l’adulte le souhaiterait…L’exemple bienveillant de l’adulte suffira à le faire agir…un jour ou l’autre…