Quel est l’enjeu ?
La difficulté que nous avons à nous représenter le potentiel pour en décrire les processus d’actualisation a conduit Yves Richez à produire une véritable « écriture » idéo-pictographique permettant de traduire par les mêmes caractères tout ce qui peut être « penser-regarder » lorsque l’on observe le processus d’actualisation d’un potentiel : « […] Ce travail nous conduit à produire l’ébauche de caractères (de glyphes) utiles à traduire sous formes de « traits » – à l’instar de l’écriture chinoise et égyptienne – des images permettant de « regarder » ce que la langue alpha syllabaire « peine » à rendre visible […].L’enjeu pour ce travail est de produire un signifiant (caractère) dont le signifié (le regardé-observé, le sens) est « le même » pour qui le dessine, le regarde […] (Ibid, p.515). Puisque le « regardé » s’affirme comme une habileté utile et nécessaire à l’observation, il importe d’en assurer le développement par un entraînement spécifique et une écriture appropriée. « Cette écriture est une écriture du regardé, du perçu, elle ne relève ni des idées abstraites, ni de concepts génériques » (Ibid. p. 515), c’est pourquoi, en substance, elle ne peut appartenir aux modèles de la phonétique.
Présentation des caractères :
Le principe est aussi « simple » qu’efficient, bien que le développement de cette écriture soit le fruit d’une lente maturation (cinq années, huit mille heures de travail). Yves Richez s’est inspiré à la fois des signes hiératiques égyptiens, des idéogrammes chinois d’un côté, et de ses nombreuses observations lors de voyages de l’autre pour développer ces caractères : « nous avons dessiné, au fur et à mesure de l’observé, des croquis que nous avons simplifiés de sorte qu’il soit possible de produire un caractère. Avec les mois, nous avons cherché à dessiner, de manière simplifiée, l’observé (signifiant graphique) ou l’idée (signifié), en gardant à l’esprit les principes chinois et égyptiens » (ibid. p.516). Nous pouvons découvrir ci-dessous cinq exemples montrant le cheminement l’ayant mené du croquis au caractère jusqu’à explicité le sens principal, le croquis et le caractère tel qu’ébauché à ce jour (pictogramme, idéogramme). L’enjeu d’une telle écriture est d’éviter d’apposer sur l’observation les systèmes symboliques de la psychologie classique et en particulier, les classifications hiérarchiques fondées sur un modèle du « bon » et du « moins bon ». Yves Richez montre que ce modèle, outre son obsolescence théorique, relève d’une « erreur catégorielle », c’est-à-dire mélangeant deux univers n’ayant rien en commun sous prétexte que le concept intellectuel initial les a réunis par commodité.
Cette écriture pourra alors se « lire » de la manière suivante : 1/ force dissolvante mode opératoire 2/ potentiel dissout par agir direct 3/ propension générale 4/ écart noté par observation proche 5/ positif – émergence 6/ regard en place et temps de l’autre positif 7/ observation proche 8 / utile, servant d’appui 9/ actualisation, qui devient actif 10/ positif 11/ parole utile productive 12/ mode opératoire observé proche 13/ appréhende le réel de l’autre 14/ transformation silencieuse – lente – processuelle – cohérente 15/ actualise 16 / écart – positif 17 / humains liés par positif.
Voilà qu’elle nous donne les moyens de « regarder-penser » l’actualisation des potentiels. Cette sémiologie innovante se présente comme un outil précis et efficient pour accompagner les processus de transformation. Les potentiels et leur actualisation ont désormais leur outil-concept pour faciliter leur observation, leur développement et leur plein accomplissement.
Bibliographie :
RICHEZ Y., Emergence et actualisation des potentiels humains, Mémoire de recherche, Université de Tours 2006, 399 p.
RICHEZ Y., Stratégie d’actualisation des potentiels, Qui-opère-selon-stratégie, Thèse doctorale, Université Paris Diderot, 2015, 972 p.
© Copyright 2021 En Terre d'Enfance - Tous droits réservés - Mentions légales - CGV
Une conception Arkadia Communication & Coeur de Web