Le passage vers cette nouvelle phase de développement représente une transition du sensoriel vers la réflexion. Maria Montessori désigne ainsi la phase des 6-12 ans comme la “phase intellectuelle” (voir discours à Amsterdam le 11/04/1950).
Enfants libre de sortir pour explorer l’environnement |
1.) Le besoin d’agrandir le champs d’action et de découverte
Maria Montessori reconnaît le besoin de l’enfant de 6-12 ans dans la dynamique qui le pousse à élargir son environnement et l’expérience qu’il peut en faire. Les enfants ne ressentent plus le même lien d’attachement envers la famille. Ils souhaitent aller au-delà du cercle familial et ils cherchent notamment la compagnie d’autres enfants de leur âge. Ils ont besoin de travailler avec eux en sortant du cadre familial et scolaire. Ils tendent vers une liberté locale et intellectuelle.
Si l’enfant de 3-6 ans a vécu en société d’une manière plus “isolée” (travail individuel), l’enfant explorateur montre un grand besoin de contacts sociaux: il est plus “extraverti” et il s’intéresse aux dynamiques d’une micro-société. Il développe ainsi les premières habiletés relationnelles qui en feront plus tard un membre à part entière de la société. C’est le temps où l’enfant s’approprie la culture.
Maria Montessori a beaucoup insisté pour qu’à cette période de leur vie, les enfants puissent expérimenter en dehors de leur premiers cercles de développement. C’est dans ce contexte évoqué par Maria Montessori que le concept d’éducation cosmique peut trouver sa cohérence et son accomplissement. L’autonomie de l’enfant s’inscrit alors dans un développement au cœur d’une société qu’il va progressivement découvrir en rentrant en interactions. C’est ainsi qu’il aura plaisir par exemple à visiter des musées ou des théâtres, à prendre le bus, à savoir lire une carte, à intégrer les règles de la circulation routière, à savoir se comporter poliment avec les autres, à savoir s’ajuster si les choses ne vont pas comme prévues, à savoir quel matériel choisir pour mener ses études dans la nature, ou encore à apprendre à lire des cartes topographiques….
Notre culture de surprotection de l’enfant ne favorise pas toujours le développement des capacités exploratoires de l’enfant… Mais il peut être bon d’y réfléchir de temps en temps afin de permettre aux enfants de vivre des expériences comme celles-ci. Car leur capacité à développer une responsabilité en dépend très largement.
Un enfant qui essaie de s’orienter avec une carte |
2.) La sensibilité “morale”: une capacité pour apprécier la pertinence de ses propres actions et celle des autres
Maria Montessori a observé la sensibilité particulière de l’enfant de cet âge pour la “morale”. C’est le temps où “le sentiment de justice naît dans l’âme de l’enfant” (voir M.Montessori dans “From Childhood to Adolescence, p.7). L’enfant commence à réfléchir si ce qu’il fait est juste ou pas.
Souvent les enfants de cet âge “rapportent” aux adultes (ce qui n’est pas bien vu chez la plupart des adultes). Mais ce “rapport” de l’enfant envers l’adulte n’est qu’une question muette de l’enfant pour affûter son sens de la “justesse” au regard des situations rencontrées. C’est l’éclosion de ce qu’on appelle couramment la conscience morale. Son questionnement sur le “juste” ou “l’injuste” lui permet aussi de commencer à appréhender les lois qui permettent à une société de fonctionner et de se réguler naturellement. C’est donc un apprentissage fondamental qu’il convient d’accompagner avec délicatesse pour permettre à l’enfant de développer une mémoire qui l’aidera par la suite à “régler” des situations en adoptant une attitude cohérente au regard de celles-ci.
Les enfants développent aussi une compassion prononcée pour les autres ou enocre les animaux et d’une façon générale l’environnement dont ils apprennent à prendre soin. Ils veulent souvent combattre l’injustice. Là encore il est important de ne pas “gâcher” ce développement en intervenant à contre-temps alors que l’enfant de lui-même se montre “affecté” par une situation qu’il souhaite accompagner.
Enfants explorateurs |
3.) Les caractéristiques intellectuelles (réflexion, imagination, causalité, recherche de liens, faim de savoir, connivence…)
Les enfants de cet âge développent une soif qui les pousse à appréhender la complexité des phénomènes et leur compréhension. Les questions “comment”, “pourquoi” et “d’où” montrent la tendance des enfants à lier des phénomènes entre eux afin d’en appréhender les dynamiques. La réflexion est au centre de l’intérêt de l’enfant. La curiosité, les questions infinies et une grande activité de l’enfant sont une tendance observable à cet âge.
Maria Montessori encourage l’adulte à répondre aux questions des enfants, à nourrir cette soif de savoir en permettant ainsi à l’enfant de pouvoir cultiver son intérêt pour les phénomènes divers et variés. Elle expliquait ainsi que les grands récits permettent de nourrir “l’intelligence affamée” des enfants.
Une autre forme d’expression remarquée par Maria Montessori est ce qu’elle a appelé la force d’imagination des enfants. Elle la désigne comme “la grande force de cet âge”.
Les enfants explorateurs ont une grande soif de comprendre le développement de tout ce qui existe. Leur “intelligence extravertie” se tourne vers l’environnement et notamment vers tout ce qui est grand. C’est pour cela que Maria Montessori a proposé de leur présenter rien moins que l’univers. Cette vaste perspective donne à l’enfant des points de repère lui permettant d’aller progressivement investiguer les champs de connaissance qui l’intéressent.
Etudes dans la nature |
A travers les grands récits, l’enfant commence à comprendre les liens qui existent entre les différents domaines, à saisir les forces en action dans le développement d’un phénomène. Un enfant qui se passionne pour la Grèce antique va relier des points communs entre par exemple la géométrie, l’étymologie ou encore l’histoire. Toutes ces informations, l’enfant va les assimiler et les corréler aux connaissances déjà acquises.
Quand l’enfant est passionné par un sujet particulier et qu’il commence à voir les liens ou les interdépendances avec d’autres domaines, il est temps pour lui de répondre à l’appel de l’explorateur en commençant ce que nous pouvons appeler un “grand travail” lequel peut durer des jours et voire des semaines. Ces grands travaux sont aussi différents que les enfants entre eux. Ils correspond ent vraiment à leur questionnement et leurs capacités à agencer un travail sur le long terme dans un espace donné.
Si les enfants ont l’occasion de mener à terme des “grands travaux”, cela leur permet d’acquérir des bases solides et expérimentales sans avoir à forcer leur nature.Maria Montessori met en garde les éducateurs et les parents: “Si à cette époque l’esprit de l’enfant est négligé ou frustré dans ses besoins vitaux, par la suite il deviendra artificiellement obtus et s’opposera à l’enseignement du savoir. Si la graine est semé trop tard, l’intérêt aura disparu; à l’inverse, à l’âge de six ans toute sorte de culture est reçue avec enthousiasme sachant que plus tard ces graines pourront germer et s’épanouir. A la question de savoir combien de graines faut-il semer, je réponds: ” (Montessori: “Eduquer le potentiel humain” p.15-16)
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