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Maria Montessori et les lois naturelles

Toutes les activités que nous déployons au fil des jours, lorsqu’elles semblent atteindre un certain état d’achèvement, révèlent toutes une compréhension des lois naturelles qui sous-tendent leur déploiement. Que l’on jardine, que l’on danse, que l’on chante, que l’on photographie, que l’on mette ses mains au service du bon vin, que l’on communique dans son environnement personnel ou professionnel, que l’on cherche à observer le déploiement cellulaire ou cosmique, que l’on soit éducateur social ou médecin, tous nos actes quotidiens demandent de longs moments d’observation et d’expérimentation pour découvrir les lois internes qui peuvent assurer leur accomplissement optimal.

Les observations que nous avons pu faire sur les difficultés relationnelles, aussi bien dans le monde de l’enfance que dans le monde adulte, nous ont souvent amené à la conclusion que bon nombre de désorientations psychiques naissent d’un non-respect des lois qui permettent le développement homogène de l’être humain. La flèche peut manquer sa cible…

Des exemples simples dans la communication adulte montrent par exemple qu’une écoute partielle de son interlocuteur produira immédiatement chez celui-ci un sentiment de frustration. Nos erreurs de communication peuvent provenir d’une mauvaise appréhension de l’autre et de ses modes de pensées. Il n’y a donc pas de hasard dans nos réussites comme dans nos échecs. Et, pour transformer un échec en réussite il faut parvenir à sortir du cercle vicieux qui nous incline souvent à refaire toujours la même chose en dépit de notre envie de changement. Cela renvoie au bon mot d’Albert Einstein qui disait que la folie consiste à « se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent ». La sagesse se trouve donc certainement au carrefour de l’observation et de l’expérience renouvelée…

Les sciences expérimentales, qu’elles s’intéressent à l’ordre cosmique, aux données biologiques ou encore aux questions psychologiques, ont toujours pour objectif de dégager par le jeu d’une observation de plus en plus fine les lois qui président au développement de la vie au cœur de l’univers.

Le développement de l’humanité procède par stades, car les lois qui tissent l’univers de l’infiniment grand et de l’infiniment petit sont bien plus nombreuses encore que les myriades qui illuminent nos galaxies.

Dans cette perspective, la sagesse ne peut simplement procéder d’un pur effort de la volonté. Il ne suffit pas de décider d’être bon pour le devenir -même si cela reste nécessaire… On ne le voit que trop dans nos vies courantes. Aujourd’hui je cherche à « faire le bien », mais la journée sera finalement émaillée d’incidents plus ou moins importants. Que s’est-il donc passé?
Si l’on se pose quelques questions, on s’aperçoit que l’on a négligé son sommeil, un moment pour soi , une écoute suffisante des membres de la famille, etc. L’analyse de la journée montrera que, finalement, malgré la bonne volonté incontestable, les choses se sont moins bien déroulées que prévues car certaines lois existentielles n’ont pas été respectées…

Lorsque nous avons accueilli notre premier-né, nous avons décidé de nous attacher à découvrir un maximum de ces lois naturelles pour faciliter à l’enfant une naissance heureuse et une croissance harmonieuse. Nous sommes arrivés à percevoir de plus en plus clairement que cette croissance harmonieuse ne surgissait pas du hasard mais d’un respect profond des lois qui tissent le développement physiques et psychiques de l’enfant.

Après la naissance, nous avons poursuivi nos observations pour découvrir que l’enfant développe de lui-même un certain nombre d’aptitudes dans la mesure où le milieu environnant le lui rendait possible.


Notre cheminement nous a tout naturellement conduits à rencontrer la pensée de Maria Montessori et sa pédagogie scientifique. Nous emprunterons fréquemment à sa pensée fondée sur une longue expérience de l’éducation à travers l’observation des lois naturelles. Nous la citerons largement à plusieurs reprises sur les questions éducatives. L’important est de ne pas perdre de vue que sa méthode n’a rien de forcée. Elle est scientifique dans la mesure où elle se fonde sur l’observation dans un milieu qui permet à l’enfant de se déployer librement. Son expérience constitue un apport majeur aux sciences humaines. Mais, pour en assimiler réellement toute la sève, il est important de ne pas réduire sa proposition éducative à la sélection rigoureuse du matériel pédagogique le plus adapté. Ce serait manqué gravement la cible qu’elle propose…Écoutons-là…..

Les problèmes de l’éducation doivent être résolus selon les lois de l’ordre cosmique, lois qui vont de celles régissant l’édification psychique de la personne humaine, qui sont éternelles, à celles, changeantes, guidant la société sur les voies de son évolution terrestre.
Si ces lois ne sont pas respectées, la construction de l’individu peut être anormale voire monstrueuse.

Mais si l’on y veille, avec le souci de découvrir et de conforter les lois du développement, alors peuvent se manifester des caractères encore inconnus et surprenants dans lesquels on pourra progressivement entrevoir les fonctions internes mystérieuses qui dirigent la création psychique de l’homme.

Dans notre civilisation actuelle, l’un des dangers les plus menaçants est d’aller, dans l’éducation de l’enfant, à l’encontre des lois de son développement et de l’étouffer ou de le déformer du fait des erreurs des préjugés courants.

Aider la vie : voilà le premier principe fondamental. Qui donc aujourd’hui, peut révéler les chemins normaux de la croissance psychique de l’être humain, sinon l’enfant lui-même placé dans les conditions adéquates ? Notre premier maître sera donc l’enfant lui-même, ou plutôt l’élan vital et les lois cosmiques qui le conduisent inconsciemment, non pas ce que nous appelons ” la volonté de l’enfant “, mais la mystérieuse volonté qui dirige sa formation. Il s’agit d’une énergie, d’une dynamique intérieure qui tend d’elle même à se manifester, mais reste enfouie parce qu’elle est bloquée par les préjugés universels. C’est une forme mentale propre à l’enfance qui n’a jamais été reconnue. Les idées nobles et les hauts sentiments ont toujours existé ; ils se sont toujours transmis par l’enseignement; et pourtant, les guerres n’ont jamais cessé. Et si l’éducation devait continuer à être conçue selon les vieux plans de transmission de la connaissance, il n’y aurait plus rien à espérer pour l’avenir du monde. Quelle valeur peut avoir la transmission de la connaissance, si la formation de l’homme est négligée. La grandeur de la personne humaine commence à la naissance de l’homme. Cette affirmation, singulièrement mystique, mène à cette conclusion qui pourrait paraître étrange : l’éducation devrait commencer à la naissance. Pratiquement parlant, comment peut-on éduquer un bébé nouveau-né, ou même pendant la première ou la deuxième année de sa vie ?

L’éducation pendant cette période, doit être comprise comme une aide au développement des possibilités psychiques innées dans l’être humain ; c’est-à-dire que la forme la plus commune de l’enseignement – la parole – ne peut être employée. Les deux premières années de la vie ouvrent un horizon nouveau ; elles révèlent des lois de construction psychique, jusqu’alors ignorées. Il existe, dans la partie la plus intime de chaque enfant, un maître vigilant, pourrait-on dire, qui sait obtenir les mêmes résultats chez tous, en quelque pays qu’ils se trouvent. L’unique langage que l’homme apprenne parfaitement est, sans aucun doute celui qu’il a appris dans la première période de son enfance, alors que personne ne pouvait lui enseigner.

C’est comme si la nature avait voulu sauvegarder chaque enfant de l’influence de l’intelligence humaine, pour laisser la prédominance au maître intérieur qui l’inspire ; lui permettre d’édifier une construction psychique complète, avant que l’intelligence des adultes puisse entrer en contact avec son esprit et l’influencer. Ce n’est qu’après des expériences répétées que nous acquîmes la certitude que tous les enfants, indistinctement, ont cette capacité “d’absorber” la culture. Nous découvrîmes ainsi que l’éducation, ce n’est pas ce qu’apporte le maître : c’est un processus naturel qui se développe spontanément dans l’être humain, qui ne s’acquiert pas en écoutant des mots, mais par la vertu d’expériences effectuées dans le milieu.

Mes expériences passées en des pays si différents ont duré plus de quarante ans et, nous découvrîmes ainsi que l’activité individuelle est la seule faculté qui stimule et développe, et qu’elle vaut pour les enfants à l’âge préscolaire, comme pour les enfants des écoles primaires et pour ceux des écoles plus avancées.

Nous ne devons donc plus nous fonder sur un programme préétabli, mais sur la connaissance de la vie humaine, à la lumière de cette conviction, l’éducation du nouveau-né acquiert brusquement son importance.

Nous avons donc conduit des observations dans le but de découvrir les lois de la vie. Si nous voulons aider la vie, la première condition est, en effet, de connaître les lois qui la gouvernent. Cette connaissance du développement psychique du petit enfant doit être largement diffusée : l’éducation pourra, seulement alors acquérir une autorité nouvelle. Si la société retient la nécessité d’une éducation obligatoire, c’est que l’éducation doit être apportée d’une façon pratique ; et quand il sera admis que l’éducation doit commencer à la naissance, il sera indispensable que la société connaisse les lois du développement de l’enfant. L’éducation s’efforcera donc de s’imposer avec autorité à la société à laquelle elle est attachée. Si nous disons que notre type d’esprit d’adulte est conscient, il faut appeler celui de l’enfant inconscient ; mais inconscient ne signifie pas inférieur. L’enfant assimile ses impressions, non pas avec son esprit, mais avec sa propre vie. Le développement psychique de l’enfant, et pas seulement celui du corps, semble dirigé sur le même plan créateur que celui de la nature. La vie n’est pas sur la terre seulement pour se conserver elle-même, mais pour y accomplir un travail essentiel dans la création et par conséquent, nécessaire à tous les êtres vivants. Et ceux qui, comme nous, cherchent à aider la vie par l’éducation, considérant l’enfant en tant qu’être vivant en période de croissance, cherchent à interpréter quelle est sa place dans la biologie, c’est-à-dire dans le plan d’ensemble de la vie.
A sa naissance, l’enfant porte des potentiels constructifs qui doivent se développer aux dépens du milieu, il existe en lui un pouvoir global, une essence humaine créative qui le pousse à construire l’homme de son temps, de sa civilisation, et grâce à sa faculté absorbante, il procède selon les lois universelles de la croissance.

Le développement du petit enfant comporte de multiples phases dont la succession est déterminée par des lois spéciales, communes à tous. On peut bien dire qu’au départ les enfants sont tous égaux ; ils suivent le même mode de développement et les mêmes lois, tous ayant les mêmes besoins psychiques et suivant le même processus pour construire l’homme, chacun doit passer par les mêmes phases de croissance. Seule, la nature qui a établi ses lois et qui a déterminé certains besoins de l’homme en voie de développement peut dicter la méthode d’éducation déterminée par le but ; satisfaire aux besoins et aux lois de la vie. Ces lois et ces besoins, c’est l’enfant qui les indique lui-même par ses manifestations spontanées et par son progrès, par la manifestation de sa paix et de sa félicité, par l’intensité de ses efforts et la constance de son libre choix. L’organisme mental est pour nous une unité dynamique, qui transforme sa structure à travers les expériences actives conduites dans le milieu, guidées par une énergie.

Et si nous réfléchissons que le développement de l’enfant ne peut être détruit, mais qu’il peut demeurer incomplet ou être retardé quand nous ne lui accordons pas la possibilité de faire ses propres expériences, le problème de l’éducation surgit dans toute son étendue. Seul, l’enfant nous offre l’image de la majesté de la nature qui donne la vie en donnant la liberté et l’indépendance ; et elle la donne suivant les lois déterminées par rapport au temps et aux besoins de l’être ; elle fait de la liberté une loi de vie : être libre ou mourir.
C’est sur les enfants libres dans leurs choix qu’ont pu être faites toutes les observations sur leurs tendances et sur leurs besoins psychiques.

La vie commence à l’acte de la conception, la façon dont se développe l’embryon est par conséquent conditionnée par la conception. Par la suite, l’enfant pourra être influencé, mais seulement par le milieu, ou bien, pendant la gestation, par les conditions de vie de la mère.
Il y a des lois naturelles qui accompagnent la croissance et la formation, et l’individu doit suivre ces lois pour construire son caractère, son psychisme, la construction psychique peut se suivre en chacun de ses éléments, et l’observation confirme que le caractère de l’homme n’est pas seulement le résultat de l’éducation, mais une réalité qui fait partie du guide complexe de l’univers. C’est la volonté de l’univers, ce n’est pas le résultat de ce que nous imposons ; c’est un élément de la création, non de l’éducation.”

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